Camille a la quarantaine passée.
Le bilan est plutôt douloureux.
Un mariage qui prend l'eau, une vie professionnelle décevante, un peu trop d'alcool.
Camille avance comme elle peut, avec ses cicatrices et ses espoirs.
Elle se cogne à sa vie, à ses regrets, des rêves déçus, perdus en route, abîmés.
Camille lutte.
Et voilà que tout repart en arrière, que ses seize ans se rassemblent au creux de sa main, qu'elle peut refaire le parcours.
Sa mère vivante, ses amies, son amour, les années 80, les cours du lycée, son chat, et le reste Camille peut à nouveau les respirer, les toucher, les écouter avec le recul de ses quarante ans passés, avec le poids du chagrin, le petit pas d'avance de celle qui sait ce qui vient après.
Et elle ne se prive pas Camille. Elle essaie de réparer, désepérément. elle danse dans des fêtes, elle veut mettre à profit les leçons douloureusement apprises, elle se moque bien, elle jubile. Elle a grandi.
Et nous, on jubile avec elle. On rêve de redoubler aussi, éperdument. On redouble par procuration.
mais peut-on changer le cours de sa vie?
Noémie Lvosky écrit des contes pour les adultes qui ne veulent pas oublier, qui ne cherchent pas à tout prix à tourner les pages. Elle remonte le temps avec délicatesse mais sans mièvrerie et en évitant habilement les clichés.
Et on y croit.
Jolie prouesse.
Tous ses acteurs doivent y croire aussi car ils sont impeccables. Leur lien à Camille devient le notre. On devient Camille.
Mention spéciale à Jean-Pierre Léaud en horloger plein de sagesse.
En sortant de la salle de cinéma on aura la gorge serrée, longtemps. Dans la voiture on se sentira déchirée entre notre adolescence perdue et celle toute neuve de notre fille qui a été touchée aussi en plein coeur par ce film alors que pour elle tout est encore à écrire.
Dans la soirée qui suivra, on téléphonera à nos parents, comme souvent , comme presque chaque jour mais avec cette petite note particulière, la chance savourée de pouvoir encore le faire.
Merci Noémie...